Tino Väinämöinen n'est pas de ces hommes sur lesquels on se retourne dans la rue, l'œil lubrique et la bave aux lèvres. Le charisme n'est certainement pas son fort – il reste plus habile à disparaître dans une foule qu'à s'y faire remarquer – et son apparence reste simple, naturelle, modeste. De courts cheveux d'un châtain très clair, presque blond, couronnent de leurs mèches fines son visage harmonieux. Deux yeux oscillant entre le brun et le violet portent un regard doux sur le monde, éclairant son teint frais et clair, son nez discret et sa bouche fine.

Le jeune homme n'est pas très grand, surtout pour un fils du Nord – il ne mesure qu'un mètre soixante-dix, béret compris. Ce béret mériterait un paragraphe à lui tout seul ; partie intégrante et indispensable des tenues d'extérieur,c'est petit béret blanc un peu flasque auquel le Finlandais tient beaucoup. Autre objet qu'il convient de citer, la croix d'argent qu'il a toujours au cou. Tino la met avec toute sa garde-robe... que ce soit l'uniforme bleu sombre de son armée, les tenues plus civiles imposées par le règlement de la W Academy ou ses vêtements personnels (généralement ,un jean bleu sombre et un pull blanc, avec ou sans écharpe aux couleurs de son pays).

Il ne faut pas non plus oublier l'immuable costume de Père Noël, que Tino personnifie avec plaisir. Vous passez vos vacances d'hiver sur une île déserte du Pacifique ? Vous croyez goûter au calme et aux douceurs de la réclusion ? Que nenni ! Tino vous retrouvera, pour vous livrer vos cadeaux, dans le sourire, la bonne humeur et les noix de coco. Car du sourire, de la bonne humeur (et des noix de coco) sont des choses faciles à ressentir auprès de Tino, ces deux concepts lui étant très familier et très contagieux.
De manière générale, le Finlandais est plutôt attachant – vraiment, qui ne s'attendrirait pas devant ce corps chétif et ce visage innocent rougi par le froid ? - et les apparences ne sont pas trompeuses.

Tino est ce petit gars gentil avec qui on aime bien boire une tasse de thé fumante le dimanche matin, alors que la neige s'abat doucement contre les carreaux des fenêtres. Il est la gentillesse incarnée, la générosité et l'amour de son prochain (Normal pour le Père Noël, me direz-vous.). Finlande vous aidera dès qu'il le pourra, même si vous ne pouvez rien lui rendre en retour.

C'est sans doute une manifestation de son aspect le plus naïf et le plus optimiste, celui qui aime croquer la vie à pleine dent et trouver un sens positif dans toutes choses – un état d'esprit qui peut aider quand on passe les trois-quarts de l'année avec une luminosité des plus faibles, coincé entre des nations plus puissantes, plus peuplées et, de manière générale, impressionnantes et dangereuses. Ce n'est pas que Tino est une petite chose faible et sans intérêt – c'est un redoutable sniper et ses bonbons à la réglisse font un malheur – mais c'est qu'il a tendance à accorder sa confiance très aisément, sûrement trop, d'ailleurs ; et que dans sa volonté de bien faire et de rendre les autres heureux, il oublie parfois ses propres intérêts.
Il n'est pas très dur de gagner l'amitié de Tino et assez complexe de la perdre, c'est ainsi. Son affection tangible se voit par de petits actes, de petites pensées, de petites choses. C'est quelqu'un de simple, bien qu'un peu timide, qui ne rechigne ni à la tâche ni aux efforts. Il en faut beaucoup pour le décourager ; les abysses du désespoir ne semblent jamais le happer – pas en public, en tout cas. Il faut bien que quelqu'un sourit au milieu du chaos, détende l'atmosphère et bavarde pour chasser les idées noires. Ce quelqu'un, parmi les Nordiques, c'est bien souvent Tino, toujours prêt à les entraîner dans un festival plus ou moins étrange, comme le porter de femme ou le lancer de téléphone portable.La solidarité est pour lui une valeur essentielle, qui ne prévaut plus trop ces derniers temps – au grand dam de Tino.

Être un pays du Nord enseigne la vie à la dure ; les hivers sont rigoureux et les voisins belliqueux. Tino l'a appris à ses dépends.
Au début de sa scolarité, il suivait péniblement les grandes nations l'entourant. Il ne demandait pas grand-chose à personne, ne s'intéressait pas aux richesses de ses voisins et se contentait de suivre tranquillement le cours de sa destinée. Bien sûr, il était forcé de vivre sous l'égide de Danemark – et de tous les autres, au fond, car ils se servaient de lui tel un grenier à blé géant.

Cela ne dura qu'un temps, car Tino se retrouva bien vite du côté de Berwald, celui-ci l'installant chez lui, le dotant d'une infrastructure correcte pour l'époque, allant jusqu'à lui construire ses premières villes fortifiées, tout en respectant les subtilités de son identité. C'était des temps durs et sombres, car la Suède et la Russie ne s'étendaient vraiment pas, et se battaient pour lui. A l'école primaire, le petit Finn se retrouvait toujours coincé entre les deux grandes Nations, dont les personnifications étaient toutes les deux bien plus impressionnantes et plus fortes que lui. Ils le suivaient partout et se le disputaient, l'un pour l'avoir à côté en classe, l'autre pour manger avec lui le midi.

Ces altercations durèrent jusqu'à la fin du collège, où Ivan sembla se lasser de ses altercations incessantes avec Berwald et conquit Tino une bonne fois pour toute. Étrangement, les choses n'allèrent pas si mal pour la Finlande à ce moment-là : la Russie lui laissait une certaine liberté et il put même commencer à exploiter son patrimoine culturel, la culture romantico-gothique faisant fureur dans le nord de l'Europe ces années-là. Une vague de liberté et d'indépendance souffle sur le pays. Tino peut accorder de nombreux droits à son peuple, et même participer aux jeux olympiques sous ses propres couleurs. Malheureusement, la crise d'adolescence d'Ivan plonge toute une partie de la classe européenne dans le chaos. Tino veut en profiter pour déclarer son indépendance la plus totale, mais celle-ci est très rapidement suivie d'une guerre civile, certains de ses citoyens voulant qu'il suive le chemin communiste prit par son voisin.

Ce fut une période très délicate pour Tino, se poursuivant jusqu'au lycée et voyant le développement de signes avant-curseurs de schizophrénie et une grande faiblesse physique. Une fois que, par la force, une partie de sa population eut réussi à convaincre l'autre que devenir marxiste n'était pas une bonne idée, les survivants de chaque côté se déchirèrent à nouveau pour savoir s'ils voulaient être une monarchie parlementaire ou une république, ce qui ne devait pas arranger les maux de tête et les insomnies de la pauvre Nation. Les royalistes gagnèrent un temps, ce qui apaisa Tino, mais ils voulurent placer un prince allemand à sa tête, ce qui l'inquiéta beaucoup. Allait-il devoir faire partie du territoire de Ludwig ? Ce n'est pas que le grand germanophone lui faisait peur – mais si, un peu, tout de même. Heureusement, sa brouille généralisée conte Francis, qui avait impliqué l'intégralité de l'école, tournait en sa défaveur, et Tino réussit à devenir une république.
Et république il est toujours, en 1939, prêt à rentrer à l'université... Les années à venir seront plus terribles que jamais, mais il l'ignore encore et savoure insouciant le charme d'une paix civile enfin retrouvée.